La prépa, un mal nécessaire ?

    Lorsque j’ai commencé à me renseigner sur les modalités du concours, j’ai immédiatement été redirigée vers des sites de classes préparatoires me promettant monts et merveilles pour la modique somme de…vachement cher. Leurs prix (2000 à 4000 euros), l’idée de perdre un an d’études sans aucune perspective de passerelles, ni statut étudiant, rien n’était attrayant…

    Faut il vraiment en passer par une prépa pour réussir le concours de psychomotricité ?

                      

    Sachez d’une part que l’entrée en école de psychomotricité ne se fait pas uniquement sur concours.

    Il est possible d’entrer directement  2^ème année, si l’on est titulaire de certains diplômes paramédicaux et sociaux-éducatifs (licence ou maîtrise de psychologie, DE d’ergothérapeute, DE d’infirmier ou d’infirmière, DE de masseur ou kinésithérapeute, diplôme d’infirmier de secteur psychiatrique, DE d’éducateur spécialisé, certificat de capacité en orthophonie, certificat d’aptitude à l’éducation des enfants et adolescents déficients ou inadaptés, licence des sciences et techniques des activités physiques et sportives, diplôme de maître d’éducation physique, certificat de capacité d’orthoptiste) sous condition d’obtenir une moyenne globale de 10 et aucune note inférieure à 8 à un examen écrit portant sur le contenu des modules théoriques de la 1^ère année. D’autre part, l’entrée en première année est accessible à Bordeaux via la PACES (dans la mesure des places disponibles).

    Néanmoins il faut bien en passer par le concours pour entrer en 1^ère année dans les écoles de Lille (Loos), Paris, Meulan – Les – Mureaux, Rouen, Lyon, Toulouse, Hyères, et Mulhouse (cette dernière n’étant ouverte qu’aux étudiants de Franche-Comté). Le concours peut être tenté par toute personne possédant le bac (notez qu’être titulaire d’un bac S n’est absolument pas une nécessité !). 

    Le passage en classe préparation n’est pas une obligation : on peut tout à fait tenter les concours en candidat libre, en travaillant seul grâce à des manuels de préparation au concours. Alors, est il vraiment, vraaaaiment, vraaaaaaaaaaaiment nécessaire de payer une classe préparatoire onéreuse afin de décrocher une concours ?

                     

    Le site de l’Etudiant évalue à 2% (d’après mon souvenir) le nombre de candidats libres admis aux concours. Et je dois avouer, rétrospectivement, que je ne vois pas comment j’aurais pu réussir les épreuves sans être passée par une classe préparatoire.

      Pour donner de la perspective à mes propos, je dois décrire un peu mon parcours d’études. J’ai fait un bac scientifique, et me suis ensuite orientée vers une prépa littéraire BL qui m’a permis de terminer une licence de Philosophie. J’étais donc plutôt bien armée pour le concours, ayant déjà étudié le programme de biologie (que j’ai repris intégralement avant la rentrée) et intensément travaillé mon rédactionnel et ma culture générale.

     Néanmoins, l’exercice de résumé de français est bien particulier. Je n’y étais pas entraînée, et je ne n’aurais sans doute pas réussi à m’y former sans une prof pour m’indiquer la méthode, me lire, m’expliquer les petits trucs et les automatismes à avoir, les fautes rédhibitoires, et me pousser à élever mon niveau de langage. Les manuels et annales du concours proposant des sujets de français et leur correction ne m’ont jamais parus d’une grande aide. D’une part les corrections nous –mes camarades et moi - semblaient rarement satisfaisantes. D’autre part, elles ne constituent pas une correction personnalisée. Or, il me semble que c'est la seule chose permettant réellement de progresser. L’émulsion de groupe, et la possibilité de confronter nos résumés à ceux des autres sont également très enrichissantes. D'autant plus qu'elles permettent - et c'est essentiel - de maintenir la motivation…car seule une bonne ambiance de classe et une prof passionnante peuvent vous faire oublier que l’exercice de résumé est absolument assommant.

      Ma connaissance du programme de S du lycée aurait également été insuffisante pour réussir les concours. D’abord parce que le programme du concours de psychomotricité approfondie le programme de S, et que les manuels de préparation aux concours sont parfois obscurs (trop vagues ou trop précis) et comportent souvent des incohérences: il est donc laborieux de travailler seul(e). D’autant plus que ce que nous apprenons de la biologie est une approximation simplifiée, puisque c’est une formation qui se veut abordable par tous. Ceci implique que les ¾ de ce que nous apprenons est, techniquement…faux. Aussi, faire des recherches personnelles pour éclaircir une information tirée d’une annale peut devenir beaucoup plus déstabilisant qu’instructif. Seuls les profs de prépa ou d’école peuvent nous aiguiller sur les limites du programme, et même eux, parfois, ignore si tel item de QCM sera considéré comme vrai ou faux par le correcteur, car il tombe dans un vide juridique…Outre ces légers détails (qui ont hanté mes nuits), l’entraînement est réellement la clé de la réussite. Il est crucial de pouvoir s’exercer à tous les exercices différents (QCM, ROC, étude de documents) pour en acquérir les mécanismes, et pouvoir les aborder avec rapidité, efficacité, et sérénité. Et pour cela, rien de mieux qu'un groupe de classe avec qui travailler, et un prof pour vous fournir cours, explications, sujets, et éventuellement quelques séances de torture... 

     En résumé, je pense que la classe prépa est une étape indispensable à l’obtention du concours pour la majorité des candidats. Cela me coûte de le dire, car les prépas sont vraiment un business qui pèse sur le dos des étudiants. L’année de prépa psychomot est, de plus, une année réellement perdue au cours des études : elle ne compte pas comme une année d’étude (vous n’aurez pas de statut étudiant, et vous demeurerez à bac 0 si vous sortez du bac), ne donne droit à aucune équivalence, et 90% du programme de biologie ne sera pas utile pour les études ultérieures…

(Quand je me suis résolue à refaire une année de prépa)

    Mais fatalement, d’après mon expérience, c’est le meilleur moyen d’avoir son concours !